Подробно, все обстоятельства...
Samuel Paty donne le 6 octobre
[20] un cours d'
enseignement moral et civique (EMC) à des élèves de
quatrième sur la
liberté d'expression, thème au programme officiel de l'Éducation nationale
[21],
[22]. Afin d'illustrer son propos
[23], il présente deux
caricatures de Mahomet issues du journal
Charlie Hebdo[24],
[25], lesquelles, parmi d'autres, sont en relation avec l'
attentat meurtrier contre ce journal en 2015
[14]. Selon d'anciens élèves, il faisait cela chaque année
[26], sans que cela ne provoque de réactions négatives chez les élèves ou les parents
[15],
[27].
Une note des Renseignements territoriaux du 9 octobre confirme les témoignages selon lesquels Samuel Paty a préalablement proposé aux élèves qui le souhaitent de détourner les yeux ou de sortir de la classe quelques secondes, en présence d’une auxiliaire de vie scolaire
[28],
[24]. Dans un message sur les réseaux sociaux, un parent d'élève, Brahim Chnina, a au contraire accusé l'enseignant d'avoir demandé « à toute la classe que les élèves musulmans lèvent la main », parmi lesquels sa fille, puis leur avoir « dit de sortir de la classe », mais le collège confirmera que sa fille était absente pour maladie ce jour-là
[29]. Le professeur dément ces affirmations : « j’avais proposé à mes élèves de détourner le regard quelques secondes s’ils pensaient être choqués pour une raison ou pour une autre. À aucun moment je n’ai déclaré aux élèves : “Les musulmans, vous pouvez sortir car vous allez être choqués.” Et je n’ai pas demandé aux élèves quels étaient ceux qui étaient de confession musulmane ». Samuel Paty souligne, en parlant de la fille de Brahim Chnicha, qu'elle a « inventé un récit au travers de rumeurs d’élèves. Il s’agit d’une fausse déclaration dans le but de nuire à l’image du professeur que je représente, du collège et de l’institution »
[20],
[30].
Le père, sans que l'on sache s'il savait que sa fille mentait ou s'il la croyait, s'élève de manière virulente sur
Facebook[24] contre le professeur. Citant sa fille
[27],
[31], il accuse Samuel Paty d'avoir présenté aux élèves « la photo » d'un homme nu et d'avoir indiqué : « C'est le Prophète ». Le texte qu'il publie sur Facebook exhorte ses « frères et sœurs » à se plaindre au CCIF et à l'administration
[32] dont il cite plusieurs échelons.
Au moins deux vidéos sont diffusées sur Internet, traitant le professeur, entre autres, de « voyou » et de « malade »
[24]. L'une d'entre elles provient du père de famille qui condamne l'utilisation de ces caricatures en traitant ensuite le professeur de « voyou ». Il accuse à nouveau Samuel Paty d'avoir présenté aux élèves « la photo » d'un homme nu. La vidéo est diffusée le 9 octobre sur les réseaux sociaux, entre autres sur la page
Facebook de la mosquée de Pantin
[33]. Le responsable de cette mosquée, Mohammed Henniche, indique que la première vidéo du père de famille « est déjà virale dans les milieux musulmans » et « très relayée sur
WhatsApp »
[33]. Cet élan numérique crée ainsi « un monstre dont le pouvoir de nuisance a dépassé les frontières de Conflans »
[34]. Mohammed Henniche invoque par ailleurs sa vision modérée qui serait son approche habituelle
[35].
L'autre vidéo est enregistrée et diffusée par le militant
islamiste radical
Abdelhakim Sefrioui[24],
[36]. Ce prédicateur s'était rendu dans l'établissement avec le parent d'élève pour parler avec la principale et exiger d'elle
[37] qu'elle congédie l'enseignant « sous peine de manifestations »
[37]. Ces deux hommes font fortement pression durant plusieurs jours, cherchant à obtenir que l’enseignant soit limogé de l'
Éducation nationale[38], venant à de multiples reprises devant le collège pour essayer de mobiliser d'autres parents contre Samuel Paty
[24]. Sur les commentaires vidéos sont indiqués le nom du professeur
[24], l’adresse de l’établissement et un numéro de téléphone pour prendre directement contact avec le
CCIF[24],
[32]. Le CCIF dément plus tard « toute participation à la campagne de harcèlement »
[39].
Toujours le 8 octobre, ce même parent d'élève porte plainte pour « diffusion d'images pornographiques »
[40]. Samuel Paty rencontre le lendemain un inspecteur académique pour que lui soient rappelées les règles de neutralité et laïcité. Il est « conforté dans l’approche qu’il avait eue lors de son cours »
[41].
Le même jour, la principale envoie un courrier électronique aux parents pour préciser les circonstances du cours. Elle indique aussi que Samuel Paty et elle-même se tiennent à la disposition des parents « qui souhaitaient revenir sur cette situation ». Le 12 octobre, le parent d'élève publie une nouvelle vidéo sur YouTube. « La principale a fait état d'appels menaçants » par la suite, selon le procureur anti-terroriste
[24].
Le 12 octobre, auditionné par la police, Samuel Paty porte plainte à son tour « pour diffamation et dénonciation calomnieuse »
[42]. Le professeur est accompagné de la principale lorsqu'il se rend au commissariat
[24]et dément à nouveau les accusations de Brahim Chnicha et de sa fille. Ce dernier ne se présente pas à sa convocation par la police le 14 octobre
[24].
Dans les jours précédant l'assassinat, le terroriste Abdoullakh Anzorov échange des messages sur
WhatsApp avec Brahim Chnina. Il a également des contacts avec un ancien condamné pour «
velléités de départ en zone irako-syrienne »
[43]. Abdoullakh Anzorov, la fille de Brahim Chnina et le collégien qui identifiera Samuel Paty le jour de l'attentat ont également des échanges sur les réseaux sociaux
[44].